
Les ordures, un cauchemar pour les ménages
Les ménages génèrent à longueur de journées des déchets dans leurs foyers ou dans leurs lieux de commerce. Au total, 30 à 40 tonnes d'ordures sont produites par jour : sachets plastiques, boîtes de conserves, restes de nourritures, vieux habits, meubles. La quantité d'ordures étant étroitement liée au mode de consommation, la liste est loin d'être exhaustive.
Au fil des années, Mbour est devenu l'une des villes les plus économiquement représentatives. Les changements démographiques, comme l'augmentation du nombre de foyers y jouent un rôle important. Et l'assiette foncière est épuisée.
"Mbour n'a plus de périmètre communal. C'est pourquoi on est en train de voir avec le maire de Malicounda pour qu'il nous réserve un espace pour le traitement des ordures. Mbour est maintenant une très grande ville et on n'a plus de dépôt", explique Fallou Sylla, maire de la Ville de Mbour.
Au grand désespoir des populations. En effet, la gestion des ordures demeure un cauchemar quotidien pour les ménages. Car, leur ramassage est une activité rare à Mbour. Les camions de ramassage passent une fois dans la semaine dans chaque quartier. La municipalité n'a que 6 camions.
"Pendant des jours, on peut ne pas voir l'ombre des camions de ramassage de la municipalité. L'insalubrité dans nos quartiers est devenue récurrente. Chaque maison fait comme ça lui chante, sans se préoccuper de son voisin", déplore Ndeye Ndiaye, une habitante.
Quand les déchets polluent et les tapent sur les nerfs, les ménages les sortent et les déposent au lieu de ramassage. Peu importe, si le camion passe. Parfois, les maisons inhabitées deviennent des lieux de décharge.
"Nous avions un problème de marché. Un prestataire gérait le parc automobile. Maintenant, c'est la mairie qui gère. On avait remis au prestataire nos propres camions. Quand il nous les a retournés, la majeure partie était gâtée", explique Bayati Babou, 2ème adjoint au maire.
Les ménages qui en ont les moyens sont abonnés à des ramasseurs. Des charretiers passent dans les maisons pour ramasser les ordures des ménages qui ont pris des abonnements. Ils passent deux à trois fois dans la semaine et sont payés soit 1500 ou 2000 francs CFA le mois. Ces derniers s'en débarrassent à la sortie de la ville, loin des yeux.
Même, les charretiers en font voir de toutes les couleurs à leurs abonnés. Parce qu'ils peuvent rester une semaine sans venir récupérer les sacs d'ordures. Mbour, devenu aujourd'hui une grande ville, n'a plus de dépôt d'ordures. Même le maire et son adjoint l'ont admis.
"Au niveau de la commune, on a un problème pour couvrir l'ensemble de la ville sur le plan du matériel de ramassage des ordures. On n'a pas beaucoup de camions. On a un certain nombre, qui font le tour de la ville à tour de rôle. C'est un problème réel que nous connaissons", reconnaît Bayati Babou.
L'océan transformé en décharge
Par ce manque de gestion, les plages subissent les affres des ménages. Ceux qui vivent aux abords déversent leurs déchets dans la mer. Le courant emporte la saleté qui finit par se proliférer. Le long de la plage, aux eaux troubles, les déchets s'amoncellent : sacs plastiques, filets, vêtements, entre autres. Les berges des plages sont transformées en dépotoirs.
Au niveau du quai de pêche, les travailleurs sont exposés au vol, à l'insécurité, l'insalubrité. C'est à se demander si le quai de pêche de Mbour était devenu une déchetterie. Par endroits, cela y ressemble fort. Des détritus de poissons, des ordures, des fumeurs de chanvre indien sous l'ombre des pirogues. Des personnes indésirables qui causent des vols et des agressions. Voilà l'atmosphère au niveau du quai de pêche de Mbour. Un décor qui n'est pas très reluisant.
"On dirait qu'au niveau du port, il n'y a pas de comité de gestion. Le port est très sale. Ça déborde de partout, nous voyons des voyous. Nous voyons du tout, ici. Et, nous sommes confrontés à des violences de toute sorte. Des jeunes de nulle part s'arment de couteaux, de haches. Ils s'entretuent et nous avons peur pour nos vies", confie Aita Diagne, une riveraine.
Les autorités municipales et celles du quai se renvoient la balle, sur la gestion de l'insalubrité du quai de pêche.
Le quai de pêche, refuge des délinquants
Pour, Ndiaga Cissé, secrétaire général du quai de pêche de Mbour, "L'insalubrité du quai est dû au non-respect des engagements de la mairie. C'est la mairie qui devait collecter et évacuer les ordures du quai de pêche. C'est inscrit dans le carnet de sous-concession qui nous lie avec la mairie. Mais la municipalité ne respecte pas ses engagements".
Il assure avoir interpellé à plusieurs reprises le maire. En vain !
"Il y a toujours des morts d'hommes. Les quais de pêche facilitent la délinquance. Il y a des refuges pour les bandits. Nous demandons aux autorités de nous construire une poste de Police au niveau du quai. Cette saleté nous dérange beaucoup. Nous avons une équipe de 40 personnes qui se charge du nettoyage. Mais, c'est pas suffisant", déplore Ndiaga Cissé.
Au niveau de la mairie, les raisons sont autres.
"La plage de Mbour en général est très dégueulasse. Il y a un problème de nettoyage. Nous, au niveau de la mairie, on n'a pas les moyens pour nettoyer les plages. On n'a pas le matériel adéquat. On ne peut pas dire que c'est la faute de la mairie. Le nettoyage du quai est sous la responsabilité de l'administration du quai. La mairie devait se charger de l'enlèvement des ordures", assure Bayati Babou, chargé de la pêche dans le département de Mbour.
Considéré d'antan comme l'un des quais les plus poissonneux au Sénégal, le quai de Mbour est aujourd'hui parmi les plus pollués du Sénégal. Une situation qui indispose les pêcheurs. Ils grognent et se plaignent des difficultés qu'ils rencontrent à travailler dans un lieu mal sécurisé, paumé et insalubre. La saleté décime les poissons. Elle crée un environnement hostile aux poissons, qui se font de plus en plus rare. Au grand dam des pêcheurs locaux.
"La plage de Mbour est devenue un dépotoir. Nous en sommes conscients. Le quai de pêche, ce n'est pas seulement pour les pêcheurs. Le quai est réellement agressé. La mer n'avale pas tout. C'est un problème global, qu'il faut gérer", dit l'adjoint au maire.
Pour l'édile de la ville, il faut un système efficace capable de gérer les déchets. Et des mesures en amont pour faire face à cela.
"Vous avez vu nos plages. On manque excessivement de moyens. Au niveau de Golf, les gens jettent leurs ordures qui viennent au niveau de Tripano. Il faut des mesures pour éradiquer ce phénomène. Nous n'avons pas de bennes qui sont adaptables au niveau des plages. Il nous faut communiquer avec les populations. On va chercher à voir comment valoriser les ordures", rassure Fallou Sylla.
La municipalité, avec l'appui de l'Union Européenne, a organisé une série d'interventions au niveau des plages. En dépit de tout cela, des efforts restent toujours à faire.
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